"Je suis allé voir"

« Les passagers de la nuit » film français de Mikhaël Hers.

10 mai 1981, François Mitterand est élu Président de la République. Il nous avait promis de changer la vie, nos vies semblait-il nous dire ; il n’a réussi qu’à en embellir certaines pour une courte durée, ce n’est pas si mal…

J’ai eu trente ans dans les années 1980 et mes deux enfants sont nés en 1984 et 1988 – ceux qui ont vu ou verront le film comprendront.

C’est vous dire si la nostalgie a bien fonctionné à la vision du quatrième long métrage de Mikhaël Hers ! Je n’ai certainement pas été le seul à éprouver ce sentiment, Elisabeth aussi (Charlotte Gainsbourg magnifique) succombe à cette forme de mélancolie pas forcément triste mais souvent accompagnée de regrets. Mais il faut se battre et avancer, employer notre énergie afin de se construire une existence convenable et honorable.

C’est, je crois, ce que Mikhaël Hers a voulu exprimer dans son très beau film.

Après « Ce sentiment de l’été » en 2015 et « Amanda » en 2018 – je n’ai pas vu son premier, « Memory Lane » sorti en 2010, ce cinéaste continue son exploration des sentiments qu’il filme avec beaucoup de sensibilité et de tact. Ses deux précédents films traitaient du deuil, celui-ci, s’il n’évoque aucun mort, aborde une autre forme de disparition. Rien n’est en trop dans ce film juste et doux, les personnages sont positifs et font face. Bref, c’est tout l’inverse du dernier Desplechin « Frère et Soeur » !

Les films de Mikhaël Hers me touchent particulièrement, c’est l’un des mystères du cinéma, notamment lorsque s’accordent notre personnalité sensible et le film qui se déroule sous notre regard empathique.

La musique d’Anton Sanko dont c’est la deuxième collaboration après « Amanda » avec Hers, souligne et amplifie l’émotion.