• "Je suis allé voir"

    « La zone d’intérêt » du britannique Jonathan Glazer.

    Posséder une maison spacieuse, bien meublée, agrémentée d’un beau jardin arboré et fleuri est un des buts (ou rêve) de tout habitant de notre planète. Si en plus, des enfants en bonne santé jouent dans ce jardin, que quelques domestiques veillent avec une certaine efficacité à alléger vos tâches ménagères, qu’une piscine vous rafraîchit quand vous en éprouvez le besoin et qu’un cheval vous permet de faire de longues promenades dans la campagne avoisinante sous un aimable soleil, quel bien-être, quel ravissement ! Le top, quoi ! La vie s’écoule ainsi paisiblement, tout juste contrariée par les petits tracas du quotidien sans grande conséquence sur ce rigoureux ordonnancement jusqu'à ce que...

    Mais très vite, des bruits, des armes, des cris se font entendre, on voit des cheminées cracher une fumée épaisse, des crêtes de miradors et de bâtiments malgré un mur assez haut qui sépare ce lieu de l’habitation évoquée plus haut.

    Nous sommes à Auschwitz pendant la seconde guerre mondiale, pendant que se mettait en œuvre la « solution finale ». Vous le savez, les occupants de cette maison décorée sont le commandant du camp, Rudolf Höss, fonctionnaire SS zélé – qui a existé - et son épouse Hedwig qui s’occupe parfaitement de ses massifs de fleurs.

    Je suis sorti de cette projection un peu abasourdi. Avais-je vu un bon film ou seulement une reconstitution froide et effrayante ?

    La mise en scène de Jonathan Glazer applique la même rigueur que celle dont fait montre Höss dans sa gestion comptable de vies humaines innocentes. Tout est net, sans âme, froid donc. Il s’agit, je pense, d’un parallèle voulu entre un exercice mortifère et une œuvre cinématographique importante. Utiliser un mécanisme semblable pour davantage nous faire sentir sa démarche à la fois mentale et artistique, ponctuée de longs écrans monochromes, gris, blanc, rouge, accentuant l’état anxiogène de l’oeuvre tout comme l’illustration sonore de la compositrice Mica Levi.

     Toutes proportions gardées bien évidemment, quel comportement est moralement conforme face aux exactions commises sur des populations (Ukraine, Gaza…), pour nous qui avons l’heur d’en être actuellement physiquement éloignés ? Peut-être Glazer nous interpelle-t-il un peu aussi !

     

     


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